Quand un Premier Ministre parle enfin de santé mentale dans son discours de politique générale

Dans sa déclaration de politique générale, mardi 30 janvier 2024, le Premier ministre, Gabriel Attal a évoqué le « réarmement » de la santé – expression particulièrement peu adaptée en matière de santé mentale – et a plus spécifiquement mentionné cette dernière et la réforme du dispositif Monsoutienpsy, qui n’aurait « pas donné les résultats escomptés », c’est le moins que l’on puisse dire…

Le Premier ministre annonce vouloir « faire de la santé mentale de notre jeunesse une grande cause de l’action gouvernementale ».

Rappelons, à ce sujet, que depuis le printemps 2023, la Ffpp travaille avec l’Association des Psychiatres Infanto-juvéniles (API) sur une proposition de loi pour « un cadre pour la refondation de la politique dédiée à l’enfance en matière de santé mentale et de psychiatrie » portée par la députée Huguette Tiegna. La Ffpp travaille par ailleurs avec l’Unicef et d’autres organisations en vue d’obtenir une Stratégie nationale sur la santé mentale des enfants.  

Jusqu’ici, ces initiatives sont restées sans écho du côté d’un Ministère de la Santé qui n’a cessé de repousser les conclusions des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant qui convergent pourtant vers un état des lieux plus que préoccupant en la matière.

Par ailleurs, nous regrettons que le Premier ministre n’ait eu aucun mot sur la situation déplorable de la psychiatrie adulte et du sujet âgé.

Le Premier Ministre évoque un accès direct pour les jeunes, sans nécessairement passer par un médecin. Dès décembre 2021, la Ffpp a été très claire quant à son positionnement sur un accès direct pour tous ! (cf. Communiqué de décembre 2021). Nous prenons note du fait que cet accès direct puisse être enfin à l’étude : nous serons attentifs aux propositions concrètes qui suivront.

Le Premier Ministre annonce également une augmentation du tarif de la consultation pour les jeunes patients et leurs familles. Nous avons régulièrement demandé aux interlocuteurs du dispositif de remboursement (Cnam et Ministère de la Santé) une tarification respectueuse de la réalité des exigences du travail des psychologues : nous serons attentifs aux discussions consécutives à cette annonce.

Le Premier Ministre mentionne enfin un renforcement de la place des infirmier.e.s de l’Éducation Nationale pour la « santé psychologique » des jeunes. Il annonce, pour celles-ci, une prime exceptionnelle de 800€ et une revalorisation de 200 euros nets par mois. Si cette mesure apparait pertinente, la FFPP s’étonne que les 3300 psychologues de l’Éducation Nationale, présents dans les établissements scolaires et en première ligne des questions de santé mentale et psychologique des enfants et des adolescents, ne soient même pas mentionnés.

Parallèlement, nous continuons à promouvoir sans relâche la défense du service public – où les psychologues reçoivent déjà une population en souffrance psychique majeure – qui nécessite des prises en charge de longue durée, coordonnées et pluridisciplinaires. La Ffpp rappelle en particulier le décrochage salarial de plus en plus singulier des psychologues dans la fonction publique. Cette augmentation des infirmiers de l’Éducation Nationale, comme celle du Ségur, amène les psychologues, diplômés à Bac + 5, à un niveau salarial inférieur à celui des infirmier.e.s, diplômés à Bac + 3, situation inédite et inacceptable dans la Fonction Publique. La Ffpp, a, à plusieurs reprises, demandé la revalorisation de la grille salariale des psychologues (cf. Communiqué de mars 2022).

Dans ce sens, aucune proposition de discussion sérieuse, visant à « rénover de fond en comble » le dispositif « MonSoutienPsy » ne pourrait être envisagée sans engagements fermes du gouvernement sur le « réarmement » des services publics du soin psychique et particulièrement sur l’amélioration du statut des psychologues hospitaliers (recrutements, salaires…).

La Ffpp prend acte des évolutions annoncées que nous relions aux deux leviers essentiels qui semblent contribuer à la réouverture des discussions sur le dispositif Monsoutienpsy :

  • le premier, réside dans le faible taux d’engagement des psychologues qui pourraient y prétendre ;
  • le second tient au fait d’avoir su préserver une posture critique, argumentée et éclairée : c’est une position qu’a toujours maintenue la Ffpp.

 

Au-delà des annonces, la Ffpp attend des actes qui prennent en compte les propositions des organisations de psychologues et les problématiques psychiques de nos concitoyens.


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